Les REGARDS de CHAUSSÉE ont connu leur première grande expansion en même temps que la pratique de la photographie, dès la fin du
XIXème siècle. Ils peuvent donc figurer de
façon inopinée sur des clichés montrant
des scènes rugales*, à but artistique ou de
reportage.
Mais s'il est une technique graphique où ils ne
peuvent apparaître que par la volonté de
l'auteur, c'est bien le dessin. Chaque trait y exprime sa
vision et le souci qu'il met à intégrer des
détails réels à ses décors.
Avec de telles chaussures, plus de risques de tomber
dedans !...
Je vous propose d'examiner cela ici grâce au style
de dessin devenu le plus prolifique et incontournable : La
BANDE DESSINÉE.
Excluons toutefois d'emblée les oeuvres nombreuses
dont l'action est située
- dans un passé où les REGARDS DE
CHAUSSÉE n'étaient pas encore apparus.
- dans des lieux sauvages encore si peu
modifiés par l'homme que nos réseaux
souterrains y sont inexistants.
- dans des mondes improbables, aux formes,
environnements et créatures extraordinaires, et
où ces détails triviaux ne sont pas de
mise, sauf s'ils sont indispensables à l'action
comme nous le verront plus loin...
Ce qui ne laisse qu'une proportion réduite d'oeuvres où chercher notre sujet... Et dont une maigre partie, encore, satisfaira notre manie...
* : Le mot "rue" provient (d'après le dictionnaire
"Le Robert") du mot latin "ruga" (qui signifiait alors :
ride, chemin) et je propose et utilise ici le néologisme
suivant :
rugal adj. (2001; lat. ruga « ride, chemin », par métaph.) Qui concerne la rue, les rues. Ex : Les artistes puisent dans la vie rugale des
thèmes populaires variés.
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J'ai parcouru de façon rapide une partie
de l'oeuvre des artistes cités ici, afin de
montrer quelques exemples interessants d'apparition
des REGARDS dans leurs planches :
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Car les auteurs ne prennent pas tous la peine de donner
cette touche réaliste à leur travail : Le
paysage rugal y est souvent traité a minima,
trois simples lignes de fuite marquant l'angle de
séparation du trottoir et de la chaussée dont
le relief et la texture sont souvent inexistants. Tout se
passe "au-dessus", à hauteur de regards humains qui
se croisent ou se fuyent, de flingues qui crachent le plomb
et la mort et de voitures qui dévalent des avenues ou
abritent une "planque".
Ces détails du sol surchargeraient le décor et
ralentiraient le travail du dessinateur ou sont simplement
incompatibles avec un style très
"épuré"...
Donc la présence de regards sur les
chaussée ou trottoirs témoignent de la part
des auteurs d'une prise de conscience et d'un louable souci
de réalisme.
Car, rappelons-le, comme pour les
racines d'un arbre, dans une socièté
évoluée l'étendue
et la complexité des réseaux souterrains est
directement proportionnelle à la partie
aérienne visible. Et il y faut
nécéssairement des points nombreux
d'accès et de contrôle.
Donc dessiner des rues modernes sans regards est un
contresens, une lacune technique.
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